03/03/2015 - 03h18

Focus : Le Japonais du manga

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Du Dicomanga au Japonais du manga

 

TomeLe Japonais du manga, coédité par Assimil et les éditions Kana, est une histoire d’amitiés mais aussi une histoire de famille. Je vais essayer de vous la raconter de la plus brève et de la moins ennuyeuse des façons.
L’idée du Japonais du manga m’est venue d’une manière indirecte en 2006. A cette époque je travaillais aux éditions Fleurus et j’étais plongé dans un travail dantesque : la création du Dicomanga avec Nicolas Finet et 10 auteurs différents, pour le premier dictionnaire encyclopédique jamais consacré à la bande dessinée japonaise. Un travail de dingue qui a mobilisé près de trois années de ma vie d’éditeur. J’avais un stagiaire passionné de manga qui apprenait également le japonais. Comme il faisait pas mal de fautes d’orthographe, j’avais coutume de lui dire qu’il écrivait et parlait mieux le japonais que le français…

En travaillant au Dicomanga, le novice en moi a rapidement compris que de nombreux otaku ne sont pas seulement des passionnés de manga, mais aussi de culture japonaise, et surtout de pop culture japonaise. La langue fait également partie de leurs obsessions et la lecture de manga en japonais dans le texte est, évidemment, un bon moyen de progresser dans cette langue. C’est à ce moment également que j’ai rencontré Misato Raillard (traductrice de Détective Conan ou de La Rose de Versailles chez Kana et qui a aussi commencé sa carrière chez Kana) et sa cousine Shima Kadokura, les futures auteurs du Japonais du manga qui étaient parmi les contributeurs du Dicomanga. Chez Kana, je me suis également rapproché de Christel Hoolans et d’Yves Schlirf.

Au fur et à mesure que j’explorais la galaxie manga, elle me révélait des choses étonnantes sur la langue japonaise. Par exemple, il existe en japonais une onomatopée pour désigner le silence… Et il y a bien d’autres impressifs qui forment comme une langue dans la langue. Le lexique du manga emprunte aussi énormément aux autres langues, à l’anglais américain évidemment (occupation oblige), mais aussi au français. Avec ses multiples hybridations, il fonctionne un peu comme un créole. Enfin, il y a tous ces termes qui n’appartiennent qu’au manga, comme les mots qui désignent les genres ou des lectorats très segmentés : josei, seinen, ero-guro, etc.

EncadréAinsi l’idée d’un ouvrage entièrement consacré au vocabulaire japonais de la planète manga a-t-elle germé. Et elle s’est probablement lovée dans un coin de ma tête comme un petit animal qui hiberne mais ne demande qu’à se réveiller si on le convoque (gentiment ou pas d’ailleurs).

Après avoir quitté les éditions Fleurus en 2010, j’ai rejoint les éditions Assimil pour développer de nouvelles collections. Là,
j’ai rencontré Catherine Garnier, la très sympathique spécialiste du japonais chez Assimil, qui m’a dit être une lectrice assidue de manga (en V.O. bien entendu) depuis longtemps. En échangeant avec Catherine, elle m’a expliqué qu’elle ne connaissait pas forcément le jargon du manga. Rien de plus normal : l’inconnu et le plus difficile dans une langue, c’est le vernaculaire, l’argot, les expressions idiomatiques…

Si une telle spécialiste du japonais ne connaissait pas certains termes techniques ou ultra spécialisés des manga, c’est qu’il y avait forcément un livre à publier pour les faire connaître. Et voilà comment j’ai réveillé cette idée de livre sur le vocabulaire du manga qui sommeillait depuis 5 ou 6 ans… Il m’a semblé que Misato Raillard serait l’auteur idéale pour notre ouvrage et, tout naturellement, elle a associé Shima Kadokura à cette aventure. Shima vit à Tokyo, elle interviewe des mangaka et connaît le manga sur le bout des doigts : essentiel pour récolter des informations de première main !
Misato travaillait déjà au manuscrit du japonais du manga et alors que nous échangeons au sujet de la langue japonaise, elle m’apprend que Catherine Garnier, notre auteur de japonais chez Assimil, était sa professeur de japonais à l’Inalco ! Pourquoi ne pas l’associer au livre et lui confier des encadrés sur la grammaire et la linguistique ? Catherine Garnier est ainsi devenue « Catherine sensei » dans le Japonais du manga.

Enfin, Misato nous a proposé de faire réaliser la couverture du Japonais du manga par Junko Kawakami, une mangaka japonaise qui vit à Paris, auteur chez Kana de la série autobiographique « It’s Your World ». Si on ajoute le travail de l’éditrice d’Assimil Virginie Leduc, on peut dire que l’équipe du Japonais du manga c’est le triomphe de la JGP (la Japanese Girl Power) !

Shima et Misato ont développé une idée magnifique : pour construire leur livre, elles suivent tout le cycle de vie d’un manga, depuis les premiers dessins griffonnés, le premier synopsis, jusqu’à la présentation à l’éditeur, la remise des planches, la fabrication et la distribution-diffusion. On est invité dans l’intimité du mangaka que l’on voit littéralement travailler au quotidien et se tuer à la tâche… On découvre les arcanes de l’édition japonaise…

Ainsi est né Le Japonais du manga, quelque part entre Bakuman, un dictionnaire de japonais spécialisé, une encyclopédie du manga…

Nicolas Ragonneau, directeur du marketing et du développement éditorial chez Assimil

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